J’ai parlé dernièrement de la fameuse fellation ! Et j’ai mentionné la gorge profonde, plutôt pour vous inviter à l’oublier pour le moment… J’avais commencé à en parlé avant de m’apercevoir que ce sujet mériterait un article à lui tout seul.
Alors comment parler de cette pratique si particulière ? Déjà, en vous disant de ne pas en faire un objectif absolu ! Ce n’est pas le saint Graal qu’on nous vend dans la pornographie. Cela peut être très satisfaisant et plaisant mais on peut très bien s’amuser sans se disloquer la mâchoire ! Cette pratique, telle qu’elle est le plus couramment représentée, peut paraître extrêmement violente, réductrice et douloureuse. C’est le cas quand on voit un homme pénétrer de force la gorge d’une femme, en maintenant sa tête et donnant des coups de bassin, parfois en pinçant le nez, provocant l’asphyxie et l’obligeant à ouvrir grand ou à tirer la langue et ainsi ouvrir sa gorge. Bien sûr ce genre de pratique peut exister dans la vraie vie mais dans des contextes bien spécifiques, de jeu de domination, avec accord préalable, discussion et un geste en guise de safe-word pour tout stopper à tout moment. Ici, ce n’est pas ce genre de pratique violente de la gorge profonde que je vous conseille, en particulier pour débuter dans cette pratique. Parce que oui ! Il est possible de faire une gorge profonde avec douceur, lenteur, en gardant le contrôle, sans se soumettre, voire en dominant ! Avouez que c’est un grand pouvoir d’englober entièrement le sexe de l’autre ? On pourra le ressentir comme une façon de s’offrir l’un à l’autre, avec une idée de possession totale, le temps du rapport. Cela peut offrir une grande excitation à la personne qui effectue cette fellation approfondie, la gorge étant bien évidemment très sensible, et le blocage temporaire de la respiration pouvant décupler l’excitation. Et pour cette raison justement, on sera très prudent.e.s en l’effectuant, avec une attention de tous les partenaires impliqués à la sécurité de cet acte. Le retrait du pénis doit toujours être possible et facile, à tout moment, et le nez ne doit pas être obstrué de manière prolongé.
La sensation d’une présence dans la gorge est très déroutante au début, désagréable voire douloureuse. Il faut donc s’y préparer pas à pas, sur la durée. Commencez par exemple à vous exercer à maitriser votre réflexe vomitif : c’est pas très sexy mais notre gorge est faite pour déclencher un spasme, une contraction du ventre quand elle détecte la présence d’un objet qui pourrait obstruer la respiration : notre corps est bien fait ! Mais ici, on veut arriver à faire passer temporairement un délicieux objet dont on a envie… On peut s’entrainer un peu tous les jours avec sa brosse à dent par exemple, en la plaçant le plus loin possible sur la langue, sans se blesser, et en essayant de ne pas tousser ou avoir ce spasme. À force de rassurer notre corps, à lui faire comprendre que tout va bien, qu’on étouffe pas, ce réflexe va s’estomper et on arrivera à le réprimer sur commande.
Une fois qu’on se sent prêt.e, on peut passer à plus volumineux, avec un jouet ou directement le pénis. Mais n’oubliez pas que ce n’est pas tout ou rien ! Vous pouvez lors d’une fellation habituelle, tenter de faire pénétrer le sexe un peu plus profondément, puis un autre jours un peu plus. N’hésitez pas aussi à essayer quand le sexe est encore un peu mou, vous verrez que c’est bien plus simple et cela vous permettra de vous exercer avant de le faire sur une pleine érection (qui risque d’arriver très vite dans cette situation !). Lors d’une même session, essayer l’insertion puis quand l’envie de tousser arrive, retirez vous et prenez une pause, faite autre chose puis réessayez… C’est de cette façon que vous arriverez à vous habituer à un peu plus de sensations à chaque fois, et que vous y prendrez plaisir ; pas en débarquant un soir et en essayant direct d’avaler un pénis ! Examinez toujours vos sensations et à la moindre irritation, la moindre sensation de reflux, arrêter les essais et passez à autre chose. Je pense qu’on est d’accord, le but n’est pas de vomir sur son partenaire !
Certaines positions vous offriront plus de facilité pour la partie délicate du passage derrière le voile du palais, comme un cap à passer au delà duquel l’insertion est complète et on peut alors englober entièrement le pénis. Être à genoux devant son partenaire debout n’est pas du tout le plus pratique, particulièrement si son sexe est arqué vers son ventre, ce qui est souvent le cas. J’ai pu constaté que le plus facile est de se placer côté ventre justement, comme dans la position du 69 par exemple, ou simplement en s’agenouillant à coté, et non pas entre ses jambes. Dans cette configuration, la forme du sexe plonge naturellement vers la gorge et passe plus aisément la luette, sans besoin de forcer ou d’abaisser la langue. Dans tous les cas, essayer d’aplatir la langue, voire de la faire sortir légèrement de votre bouche en dessous du pénis pourra vous aider à passer le premier obstacle du fond de votre bouche. Il est également confortable de s’allonger sur le dos avec la tête pendante au bord du lit : votre tête basculée en arrière offre un bon alignement qui rend la pénétration plus simple, mais le contrôle est alors entre les mains de la personne à pénis qui pénètre votre bouche ; cela demande donc une grande confiance, une maitrise et une écoute parfaite entre les deux partenaires.
Vous verrez aussi à force de pratique qu’il faut également gérer votre air, bien respirer entre deux pénétrations profondes, et ne pas la maintenir trop longtemps. Le job n’est pas finit car il faut également remplir la dure tâche de gérer sa salive ! Et oui, toujours plus de glamour dans cet article, et la gestion de la salive est déjà présente dans une fellation classique, mais on est sur un autre level quand on fait de la gorge profonde ! Il y a souvent plus de mucus de notre gorge, plus vulgairement des glaires, bah oui c’est comme ça, c’est la nature en même temps ! Et ce qu’on en fait, c’est au choix : on peut pincer les lèvres autour du pénis au maximum pour garder dans sa bouche le plus gros de notre salive, et faire des pauses pour déglutir, ou on peut ouvrir et laisser couler à loisirs tous nos fluides. Faites dans tous les cas attention, selon votre position, à ne pas les laisser couler dans votre nez ou dans votre trachée, au risque de vous étouffer et de devoir interrompre le moment sexy pour une quinte de toux ! Les deux solutions ont leur charmes et aucune n’est dégoutante, c’est en fonction de vos préférences. Mais sachez que la lubrification qui en découle peut être fort plaisante pour la suite, et très excitante pour certain.e.s., et des draps, bah ça se lave !
Pour conclure, je dirais que cette pratique, bien qu’ayant mauvaise réputation, peut être un merveilleux échange dans la sexualité et peut procurer un grand plaisir aux deux personnes, quand elle est effectué dans l’écoute mutuelle et la bienveillance. Détachez vous des clichés et adaptez cette gorge profonde à votre style de sexualité, de sensualité et d’amour. Ne vous privez pas de nouvelles sensations et d’explorations du corps et de tout ce qu’on peut faire avec, faites en juste un jeu qui vous convient et qui vous excite. Ne brulez pas les étapes, allez-y à votre rythme, ne vous mettez aucune pression, et plongez dans les profondeurs de la jouissance 😉
Credits illustration :
Affiche du film Deep Throat (1972) de Richard Damiano
Apollonia Saintclair via Society6
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